Tel que paru dans le Journal le Verdict, première parution de l'année 2007-2008. Pour la prochaine session, je me métamorphose en étudiant parisien, puisque j’ai la chance de participer à un échange entre notre Faculté de droit et celle de l’Université René-Descartes (Paris V). Dans les prochaines parutions du journal étudiant, j’essayerai de vous décrire la réalité d’étudier à l’étranger. Mon premier article est une tentative de démystification du Profil international et du dédale inhérent à la préparation du séjour.
D’emblée, il est faux d’affirmer que le Profil international et Échanges Canada ne s’adressent seulement qu’à l’élite étudiante. En général, la totalité des étudiants intéressés par l’expérience aura l’opportunité de partir. Cependant, dans le processus d’attribution des établissements d’accueil, la qualité de la candidature compte, c’est-à-dire les meilleurs auront leur premier choix, parfois une destination convoitée. Personnellement, il me semble y avoir plus qu’une université attrayante. Je ne peux que déplorer l’absence américaine et les six places en sol canadien.
Il est encore trop tôt pour se tourmenter avec cette opportunité de faire une partie de sa scolarité à l’étranger, puisque le dépôt de candidatures se fait une fois par année au mois de février. À cette période, la Faculté de droit vous contactera par courriel pour vous convier à une rencontre d’informations. Ensuite, il faudra monter un dossier de candidature qui comprend une lettre de motivation, un curriculum vitae, une preuve de compétence langagière et un relevé de notes. Pour Échanges Canada et le Profil international, le niveau d’anglais réussi avant le départ est le même, soit Advanced English I. En résumé, il faut avoir obtenu un minimum de 30 crédits dans votre programme d’études avant le départ. Également, une moyenne cumulative égale ou supérieure à 2,67 sur 4,33 (B-) est requise au moment du dépôt de la demande et de départ à l’étranger. Pour ma part, c’est après une année d’études au baccalauréat en droit que je m’envole vers une troisième session inoubliable tandis que les étudiants font généralement leur échange à leur cinquième session.
Lors de la session d’échange, un minimum de 12 crédits contributoires au programme d’études doit être fait et approuvé. Tout dépendamment du cheminement universitaire, la décision de partir à l’étranger peut impliquer la nécessité de suivre des cours d’été pour atteindre le niveau d’anglais, les crédits requis ou tout simplement échapper à un éventuel retard sur les 99 crédits à compléter pour notre baccalauréat. En fait, l’échange ne doit pas allonger la durée des études. Pour le Profil international, le Bureau international attribue à chaque étudiant une bourse de 2 500 $ et une allocation de transport. Dans mon cas, cela comble la totalité du coût de mon logement et de mon billet d’avion. Il y a possibilité de deux sessions consécutives à l’étranger, mais sans financement supplémentaire. D’ailleurs, les frais d’inscription sont toujours payés à l’université d’origine.
Tout se complique définitivement lors de la préparation du séjour. Pendant plusieurs mois, la liste des papiers indispensables, l’obtention du visa et le logement pèsent lourdement sur les épaules. En France, l’une des solutions plus économiques pour le logement est d’avoir recours aux cités universitaires gérées par le Centre régional des oeuvres universitaires et scolaires (Crous). Ce dernier est un établissement public placé sous la tutelle du Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. À Paris, le Crous dispose de 27 résidences universitaires, soit une offre de 3065 logements dont 20 % sont comblés par des étudiants étrangés. Certains étudiants français attendront de deux à trois ans avant d’accéder enfin à un logement universitaire. Pour 250 € par mois (environ 375 $), j’ai un studio de 34 m² qui comprend kitchenette, sanitaires, meubles, Internet et colocataire allemand. Je suis très privilégié dans cette ville où il y a une crise du logement. Une place en résidence était loin d’être garantie par l’université d’accueil. Quant à l’obtention du visa, il est préférable de prendre rendez-vous avec le Consulat de France à Montréal où le visa étudiant sera gratuitement et immédiatement remis. Une liste d’épicerie plutôt complexe : garantie financière signée par les parents et contresignée par le directeur de la banque, une assurance médicale complémentaire voyage, hospitalisation, soins d’urgence et rapatriement, une assurance responsabilité civile, passeport, lettre de la Régie d’assurance maladie du québec attestant votre couverture, etc. En cas de documents manquants le jour du rendez-vous, la demande ne sera pas examinée et vous devrez prendre un autre rendez-vous. Le processus peut se faire par courrier, mais les délais sont plus longs et l’aventure encore plus angoissante.
Temps, argent et encouragements sont les éléments essentiels à l’accomplissement d’un tel échange. Avec toute cette bureaucratie et une panoplie de variables inconnues, l’envie d’abandonner se présente fréquemment. Je peux vous affirmer que mes premières journées dans la Ville lumière ne font que gratifier mes efforts. Je suis allé au-delà de ma stabilité en combattant mon esprit cartésien. Il est formidable de transformer des « j’aurais pu » en accomplissements tangibles. Je me disais avant de partir que si je n’osais pas cette fois, peut-être que jamais je ne risquerais de voir plus grand.