Mes cours à Paris sont terminés et réussis. Après une révision intensive d'une dizaine de jours, j'ai su relever le défi de l'évaluation « à la française ». En fait, lors de mon séjour de seize semaines en France, j'ai constaté notre influence anglo-saxonne qui, ma foi, ne me gêne aucunement. Il faut le répéter : le pragmatisme n'est pas une attitude philosophique française. Ceci étant dit, je ne peux maintenant que vilipender la méthode française.
À l'Université Laval, il y a ordinairement deux évaluations qui séparent également la matière du semestre tout en permettant à l'étudiant de réaligner son approche du cours selon le résultat obtenu à la mi-session. En règle générale à livre ouvert, les examens en droit sont constitués principalement de cas pratiques qui englobent l'ensemble de la matière à l'étude. À l'Université René-Descartes, j'ai subi cinq oraux. Des oraux ? Oui, des oraux. Des cas pratiques ? Non, un commentaire d'arrêt et quatre dissertations juridiques.
Le déroulement est souvent devant témoin, un autre étudiant stressé, ou bien seul en tête à tête avec le professeur qui impose aléatoirement un sujet précis. Par exemple, en droit du marché intérieur européen, on m'a dit : « Parlez-moi de l'arrêt Cassis de Dijon. » Paradoxalement, à Laval, je peux lire des jugements entiers sans être questionné précisément sur les faits, les arguments invoqués par les parties ou l'évolution jurisprudentielle et me voilà interrogé à Paris sur un arrêt dont je n'ai jamais lu une ligne ! À titre indicatif, je vous énumère les autres thèmes affrontés : le droit pénal à l'époque franque, la préservation de la faune et de la flore, le régime parlementaire en Europe et la portée de la Convention de Vienne de 1969.
Une préparation de dix minutes est possible à la discrétion du professeur, sinon c'est du direct sur la sellette. Pour un néophyte de cette méthode, l'exercice intellectuel est considérable, car il faut gérer à la fois son stress et puiser dans ses connaissances souvent superficielles du sujet. De plus, il faut prendre le contrôle de la discussion, puisque ce n'est pas l'interviewer qui doit être principalement entendu. Cependant, ce dernier prend un malin plaisir à te déstabiliser après ton premier jet, parce que c'est le moment de te cuisiner. Ayant déjà une idée de la note, le professeur t'amène alors sur des avenues obscures, parfois inexplorées en classe, dans l'objectif de circonscrire le résultat. Inhibé par la nervosité, il faut saisir une perche tendue pour revenir sous les projecteurs, mais il est curieusement impossible de suivre la digression de l'interrogateur qui continue toujours de parler.
Bref, la méthode d'évaluation est loin d'être objective et égalitaire. De plus, il est difficile de concevoir qu'une épreuve portant sur une partie négligeable de la matière puisse tracer un juste portrait de la maîtrise du cours.
À l'Université Laval, il y a ordinairement deux évaluations qui séparent également la matière du semestre tout en permettant à l'étudiant de réaligner son approche du cours selon le résultat obtenu à la mi-session. En règle générale à livre ouvert, les examens en droit sont constitués principalement de cas pratiques qui englobent l'ensemble de la matière à l'étude. À l'Université René-Descartes, j'ai subi cinq oraux. Des oraux ? Oui, des oraux. Des cas pratiques ? Non, un commentaire d'arrêt et quatre dissertations juridiques.
Le déroulement est souvent devant témoin, un autre étudiant stressé, ou bien seul en tête à tête avec le professeur qui impose aléatoirement un sujet précis. Par exemple, en droit du marché intérieur européen, on m'a dit : « Parlez-moi de l'arrêt Cassis de Dijon. » Paradoxalement, à Laval, je peux lire des jugements entiers sans être questionné précisément sur les faits, les arguments invoqués par les parties ou l'évolution jurisprudentielle et me voilà interrogé à Paris sur un arrêt dont je n'ai jamais lu une ligne ! À titre indicatif, je vous énumère les autres thèmes affrontés : le droit pénal à l'époque franque, la préservation de la faune et de la flore, le régime parlementaire en Europe et la portée de la Convention de Vienne de 1969.
Une préparation de dix minutes est possible à la discrétion du professeur, sinon c'est du direct sur la sellette. Pour un néophyte de cette méthode, l'exercice intellectuel est considérable, car il faut gérer à la fois son stress et puiser dans ses connaissances souvent superficielles du sujet. De plus, il faut prendre le contrôle de la discussion, puisque ce n'est pas l'interviewer qui doit être principalement entendu. Cependant, ce dernier prend un malin plaisir à te déstabiliser après ton premier jet, parce que c'est le moment de te cuisiner. Ayant déjà une idée de la note, le professeur t'amène alors sur des avenues obscures, parfois inexplorées en classe, dans l'objectif de circonscrire le résultat. Inhibé par la nervosité, il faut saisir une perche tendue pour revenir sous les projecteurs, mais il est curieusement impossible de suivre la digression de l'interrogateur qui continue toujours de parler.
Bref, la méthode d'évaluation est loin d'être objective et égalitaire. De plus, il est difficile de concevoir qu'une épreuve portant sur une partie négligeable de la matière puisse tracer un juste portrait de la maîtrise du cours.